- Étude de la contribution acoustique de la structure formantique à la perception du ton chuchoté
Zhang Xuelu and Rudolph SockAbstract: Cette étude contribue à exploiter la contribution de la structure formantique du segment vocalique à la perception du ton que le segment porte, et ce en voix chuchotée. Le mandarin a été choisi en tant que langue cible, pour la raison que les traits tonals (tone features) dans le mandarin s’appuient acoustiquement sur deux dimensions: registre et contour. Nous supposons qu’en l’absence du F0, la structure formantique subit toujours une modification en fonction du ton et fournit des indices acoustiques des traits tonals à l’auditeur. Nous nous intéressons aux rapports entre les deux dimensions musicales et la modification la structure formantique. À travers l’analyse des données acoustiques issues de 13 locutrices, nous avons observé une divergence d’importance dans les intervalles F2-F3 et F3-F4 en fonction du ton. Cette divergence semble liée aux contrastes tonals en registre et non au contour mélodique. Elle dépend d’ailleurs de la nature de voyelle.
- Variation prosodique et traduction poétique (LSF/français) : Que devient la prosodie lorsqu’elle change de canal ?
Fanny Catteau, Marion Blondel, Coralie Vincent, Patrice Guyot and Dominique BoutetAbstract: L’étude de la prosodie des langues vocales repose en partie sur la mesure des paramètres de durée, d’intensité et de fréquence sonores. Les langues des signes, quant à elles, empruntent le canal visuo-gestuel et mobilisent des articulateurs manuels et non manuels (buste, tête, éléments du visage). Notre étude a pour objectif d’établir des outils permettant de comparer, au niveau prosodique, la traduction en français de séquences poétiques et la version originale en langue des signes française (LSF). Nous avons recueilli des données vidéo augmentées de capture de mouvement – qui offrent plusieurs pistes d’exploration des paramètres prosodiques pour la LSF – ainsi que des données audio des traductions en français – qui révèlent les stratégies des interprètes pour interpréter la variation prosodique.
- Stress, charge cognitive et signal de parole : étude exploratoire auprès de pilotes de chasse.
Stavaux Luc, Véronique Delvaux, Kathy Huet, Myriam Piccaluga and Bernard HarmegniesAbstract: Cet article traite des effets de la charge cognitive sur la fréquence fondamentale de pilotes de F-16 placés dans un scénario de vol de nuit. La charge cognitive a été estimée à l’aide de paramètres liés à la tâche (hétéro-évaluation), à l’individu (anxiété, auto-évaluation du stress ressenti) et à la situation (simulation contrôlée). Nos résultats montrent que l’écart mélodique est un bon candidat pour évaluer le niveau de la charge cognitive, même si la relation entre eux présente des profils individuels spécifiques. La création d’une typologie des situations de communication, l’adjonction d’autres indices acoustiques et le croisement avec des données physiologiques constituent les perspectives de cette étude.
- De bé à bébé : le transfert d'apprentissage auditori-moteur pour interroger l'unité de production de la parole
Tiphaine Caudrelier, Amélie Rochet-Capellan, Pascal Perrier and Jean-Luc SchwartzAbstract: La parole est souvent décrite comme une mise en séquence d’unités associant des représentations linguistiques, sensorielles et motrices. Le lien entre ces représentations se fait-il de manière privilégiée sur une unité spécifique ? Par exemple, est-ce la syllabe ou le mot ? Dans cette étude, nous voulons contraster ces deux hypothèses. Pour cela, nous avons modifié chez des locuteurs du français la production de la syllabe « bé », selon un paradigme d’adaptation auditori-motrice, consistant à perturber le retour auditif. Nous avons étudié comment cette modification se transfère ensuite à la production du mot « bébé ». Les résultats suggèrent un lien entre représentations linguistiques et motrices à plusieurs niveaux, à la fois celui du mot et de la syllabe. Ils montrent également une influence de la position de la syllabe dans le mot sur le transfert, qui soulève de nouvelles questions sur le contrôle sériel de la parole.
- Accès lexical et reconnaissance du voisement en voix chuchotée
Yohann Meynadier and Sophie DufourAbstract: La reconnaissance du trait de voisement de consonnes obstruantes chuchotées en français a été examinée via un paradigme d’amorçage sémantique auditif-visuel. Un effet d’amorçage d’amplitude similaire à celui observé en voix modale a été observé uniquement lorsque l’obstruante du mot amorce chuchoté est sourde (dessert-CHOCOLAT). Aucun effet d’amorçage n’a été observé quand l’obstruante du mot amorce est voisée (désert) que ce soit sur le mot-cible SABLE associé sémantique de désert ou sur le mot cible CHOCOLAT associé sémantique de dessert. Ainsi, même si certaines études ont montré qu’en voix chuchotée les consonnes obstruantes voisées maintiennent des traces phonétiques de leur identité sous-jacente, notre étude montre que ces consonnes sont ambigües pour l’auditeur et que leur reconnaissance n’est pas immédiate.
- Dénomination d’image versus détection interne de phonème : deux méthodes pour étudier la planification de la production de parole
Pierre Hallé, Laura Manoiloff and Juan SeguiAbstract: Cette étude est motivée initialement par une question méthodologique : la validité des mesures de temps de dénomination d’image, très utilisés pour explorer les processus de planification de la production de parole. Idéalement, le temps de dénomination est le temps écoulé entre affichage de l’image et début acoustique de la réponse verbale. Dans cet article, nous résumons la littérature sur les inconvénients de cette mesure. Nous présentons ensuite notre étude, qui compare directement temps de dénomination d’image et temps de détection interne de phonème initial. Les sujets sont hispanophones. Les noms d’image sont contrastés en fréquence lexicale et phonème initial. Les temps de réponse pour les deux mesures sont très proches. Cependant, ceux de détection de phonème sont insensibles au type de phonème initial, contrairement aux temps de dénomination. Au delà de l’avantage méthodologique de la détection de phonème, nos données suggèrent que celle-ci opère sur des représentations relativement abstraites.